Catherine Ansaldo a offert au Coeur Eucharistique de Jésus ce Chemin de Croix, fruit de deux années de méditation et de travail artistique.
Pourquoi un chemin de Croix ?
La création de ce chemin de croix s’est imposée à moi pour traverser une étape personnelle douloureuse. La méditation de la Parole et le retrait du monde dans mon travail journalier ont permis l’émergence du visage de Jésus-Christ défiguré et souffrant, dans de nombreuses recherches et esquisses.
En reprenant mes planches de bois et la technique de la tempera à la flaque, le visage couronné d’épines m’a été donné, à un moment où la force de l’esprit, la main et le pinceau ne font qu’un. Ainsi planche après planche, méditation après méditation, les quatorze stations de ce Chemin de Croix se sont écrites.
Pouvez-vous nous parler de la technique utilisée ?
Toujours curieuse de découvrir de nouveaux moyens d’expression, j’ai expérimenté différentes techniques dont en 2009 la tempera sur bois, technique traditionnelle des icônes.
J’ai choisi d’utiliser ici une technique différente, celle de la flaque, par laquelle on dépose une peinture très liquide sur un support à plat. J’aime cette technique car elle favorise une véritable rencontre. En séchant, l’eau s’évapore et le pigment se dépose : jaillit alors, pour l’artiste lui-même, l’inattendu.
Quelle est la trame artistique et spirituelle de ce Chemin de Croix ?
Particulièrement présent est le visage de Jésus, irradié de la beauté de son Amour pour nous, ce visage qui avance vers le calvaire, ce visage qui nous invite à prendre notre route pour que notre vie soit renouvelée, libérée, réorientée vers la Vie en Dieu.
Et pour renforcer le message de nombreuses scènes, le cadrage serré, allant jusqu’au gros plan, jusqu’à l’intime, s’est imposé comme ligne directrice. Les autres acteurs entourant Jésus, se résument à la présence de leurs mains, mains tout aussi expressives que le visage et les yeux. La main est ce lieu de contact et d’échange entre les êtres, main tendre et affectueuse, main réconfortante chargée d’amitié et de compréhension, mais aussi main accusatrice, main violente et destructrice, main clouant sur la croix, et puis cette main qui se donne.
La Croix, toujours présente mais se résumant souvent à une partie, prend sa pleine dimension dans la représentation des trois chutes, devenant progressivement de plus en plus lourde et écrasante. Cette Croix reliant le ciel et la terre, que Jésus a portée pour nous, sur laquelle il a accepté de mourir, nous La portons avec Lui, en marchant avec humilité pour accueillir le Verbe de Dieu venu traverser les joies et les peines de notre humanité. C’est dans cette mort à soi-même, dans ce lâcher-prise, dans ce vide, qu’éclot la résurrection.
La résurrection jaillit par la rencontre de l’imprévisible, par cette oscillation entre le vouloir et le non vouloir, la méthode et le hasard, le savoir-faire et l’abandon, et par l’acceptation de ce qui sourd de nos profondeurs intérieures, de tout ce qui vient du dehors, les tempêtes et les coups de vent, les accidents et les erreurs. Ainsi cette expérience de la vie s’offre sur le tableau, au regard et à la prière de chacun.