« Déchirez vos cœurs, et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car Il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment » c’est avec ces premières paroles de Joël (2, 12) que s’est ouverte, mercredi, la grande retraite annuelle des chrétiens. La prophétie énonce, si nous y prenons garde, une des vérités les plus originales de la révélation divine biblique : les efforts et les supplications de ce temps de pénitence ne sont pas d’abord destinés à émouvoir le Seigneur ou obtenir sa Miséricorde. Tout au contraire : c’est la Miséricorde de Dieu qui nous inspire de nous convertir, de changer nos cœurs, de prendre les moyens de servir Dieu en premier lieu ! Les actes de la vie chrétienne ne sont pas tant accomplis en vue de l’Amour qu’à cause de cet Amour, « car le Seigneur est tendre et miséricordieux » et nul ne saurait influencer Dieu Qui ne change pas !
À rebours des autres religions et philosophies où, à force de pratiques et dévotions, la clémence, la récompense ou l’apaisement du courroux sont espérés, le Dieu véritable affirme le caractère inconditionnel et infini de son Amour de Père pour chaque personne humaine, en son être même – en deçà de ses actions.
Celui qui ignore la parole de Dieu ne saurait refroidir l’amour divin. Il se dérobe à la grâce, se ferme au don, mais de son côté, Dieu ne cesse de l’aimer. Celui qui écoute la voix du Seigneur découvre la folie de cet Amour divin révélé en Jésus-Christ, Sagesse incarnée. Il ne peut que désirer, avec tous les saints, répondre amour pour amour. Bien conscient qu’il ne pourra jamais prétendre mériter d’être aimé, il voudrait démériter le moins possible…. Généreusement, il s’engage corps et âme, il offrir sa personne en un joyeux sacrifice de louange. Devant le mystère du Cœur déchiré du Maître, son propre cœur se déchire, laissant les fleuves d’Eau Vive de son baptême le purifier lui-même et arroser le monde.
Abbé Simon+