Nul ne s’aime sans Dieu

Nul ne s’aime sans Dieu

« Dieu est réaliste. La grâce de Dieu n’opère pas dans l’imaginaire, l’idéal, le rêvé. Elle agit dans le réel, dans le concret de l’existence. Même si le tissu dont est faite ma vie de tous les jours ne me paraît pas très glorieux, ce n’est nulle part ailleurs que je pourrai me laisser toucher par la grâce divine. La personne que Dieu aime avec la tendresse d’un Père, qu’Il veut rejoindre et transformer par son amour, ce n’est pas la personne que j’aurais aimé être, ou que je devrais être. C’est celle que je suis, tout simplement. Dieu n’a pas d’amour pour les personnes « idéales », pour des êtres « virtuels ». Il n’a d’amour que pour les êtres réels, concrets. Il ne s’intéresse pas aux saints de vitrail, mais aux pécheurs que nous sommes. Nous perdons parfois un temps fou dans notre vie spirituelle à nous plaindre de ne pas être comme ceci ou comme cela, à nous lamenter d’avoir tel défaut ou telle limite, à imaginer tout le bien que nous pourrions faire si, au lieu d’être ce que nous sommes, nous étions quelqu’un de moins blessé, de plus doué de telle ou telle qualité ou vertu et ainsi de suite. Tout cela est du temps et de l’énergie perdus, et ne fait que retarder le travail du Saint-Esprit dans nos cœurs. (…) Je crois qu’on ne peut véritablement arriver à s’accepter soi-même pleinement que sous le regard de Dieu. (…) Ce que nous disons a une conséquence d’importance : quand l’homme se coupe de Dieu, il se prive malheureusement de toute vraie possibilité de s’aimer lui-même. »

 

P. Jacques Philippe, La liberté intérieure